Arequipa « endroit derrière la montagne pointu » se situe au pied de plusieurs volcans , le Misti joliement pointu, l’Ampato, le Sababcayo et le Pichu-Pichu, qui se réveillent de temps à autre.
Construite en pierre de lave, toute blanche, elle est magnifique et lumineuse sous un ciel clément et ensoleillé la plupart du temps. Après la démesure de l’agitation de Lima, elle représente la douceur de vivre à 2 300 m, altitude idéale pour se charger en globules rouges avant de grimper jusqu’à Puno et le lac Titicaca.
Une des villes les plus agréables du Pérou mais qui semble être restée conservatrice et très catholique avec ses nombreuses églises, monastères et cloîtres sculptés et décorés d’une blancheur immaculée.
Comme partout au Pérou nous avons eu droit au défilé militaire le dimanche matin sur la place d’Armes. A voir d’en haut, depuis les arcades, attablés devant un petit déjeuner ensoleillé.
Il faut voir le Muséo Santuarios Andinos qui héberge sa célèbre momie « Juanita », jeune fille noble de 12-13 ans sacrifiée au « Apu Ampato » pour apaiser les volcans. Elle fut découverte en 1995 à 6 380 m, prise dans les glaces depuis 530 ans et libérée par une irruption.
Elle ne fut pas la seule enfant sacrifié aux dieux et élevé dans le seul but final d’être l’intermédiaire entre les dieux et son peuple. Une cérémonie et un cortège de prêtres l’accompagnaient dans cette dernière ascension vers les cimes, le froid et la mort. Treize autres momies garcons et filles furent trouvés sur différents volcans avec des objets, statuettes et habits finement tissés et colorés aux motifs surprenants conservés au musée.
La visite guidée est obligatoire, et passionnante, et la rencontre avec Juanita, très émouvante. La journée suivante était consacré au Monasterio Santa Catalina, une ville fermée de silence au milieu de la ville trépignante, fondée en 1580 par une riche veuve pour la noblesse d’Arequipa. Ouvert au public depuis environ 1970, seule une partie non accessible est toujours occupée par une trentaine de religieuses.
Nous l’avions déjà visité il y a 22 ans dans un état plus abîmé mais aussi splendide, par ses couleurs éclatantes rouge, ocre, bleu et blanc, ses peintures et fresques, ses formes sobres si belles avec arcades, escaliers, coupoles fenêtres et portes sculptées, ses dizaines de four à pain dans les petites coures privées des riches religieuses qui avaient des petites maisons avec plusieurs pièces et 2 à 4 employées.
Elles donnaient mêmes des réceptions jusqu’en 1870, date à laquelle ces libertés furent supprimées et c’est seulement depuis la visite du pape en 1985 qu’elles ont à nouveau le droit de parler et de sortir.
Les quelques rares photos anciennes des sœurs qui avaient vécus dans ces lieux clos nous ont profondément impressionnés par la dureté et l’austérité de leurs visages.
Flora Tristan qui a séjourné à Arequipa pour essayer de récupérer son héritage paternel auprès de son oncle, homme richissime d’Arequipa, a eu une autorisation spéciale et y a séjourné en 1833 quelque 6 jours. Elle parle d’une atmosphère vivante par rapport a d’autres monastères , pourtant elle raconte l’histoire d’une cousine éloignée qui a fait renter en cachette un cadavre dans sa cellule pour le brûler et ainsi échapper a son sort carcéral.
Suggestions de lecture : de Flora Tristan « Périgrinations d’une paria », mais aussi la vie de Flora Tristan et de son petit fils Paul Gauguin par Mario Vargas Llosa, un des plus grands écrivains péruviens actuels dans « le paradis un peu plus loin ».
Ce lieu magnifique de beauté par ses couleurs et formes à du être une prison dorée et terrible durant des siècles. Ce dimanche dans la ville, était plus calme, moins de voitures circulaient et klaxonnaient, l’air était plus respirable entre les cuisines ambulantes, petits vendeurs et mendiants parfois terriblement handicapés qui vivent de pas grand chose.
