Puno n’était déjà pas une ville attirante il y a 20 ans, eh bien cela n’a pas changé.
Pourtant la ville elle même a changé. Elle s’est, bien sur, agrandie. Ses nouveaux quartiers ont colonisé les bords du lac là où il y avait de petits villages de pêcheurs. Et puis le centre aussi a été colonisé, pas par les paysans venus de l’altiplano, mais par les pizzerias, les boutiques internet, et les magasins d’artisanat.

Pourtant le voyage à partir d’Arequipa est prometteur, l’altiplano et sa magie des espaces vides et froids se construit peu à peu à partir des collines désertiques qui se peuplent rapidement de llamas, de vigognes et d’ichu.
Un temps neigeux ajoute une touche euphorisante.
Le bus ne s’arrêtera qu’une seule fois. Il nous semble pourtant nous souvenir qu’il y a 20 ans, les bus s’arrêtaient plus souvent que cela, nous donnant l’occasion de nous dégourdir les jambes, et d’acheter des petites choses à manger (choclo con queso) ou à boire (inka kola bien sur) aux mamitas du bord de route. Cette impression se confirmera avec nos autres trajets en bus.
Et puis, la magie de l’altiplano vole un peu en éclats lorsqu’on arrive à Juliaca et après jusqu’à Puno. Le ciel est devenu d’un gris plombé, il fait humide, il fait froid et sombre. Juliaca est une cité commerçante au croisement de plusieurs routes, et le rond-point où s’arrête le bus, traversé de camions, d’autres bus et de moto-taxis, ne donne pas envie d’en ressentir plus. Pour l’instant du moins.
Maintenant on ne regarde plus par le fenêtre et on attend d’être à Puno.
Dans le bus, une dame, se colle des feuilles de coca sur les tempes et le front. C’est l’occasion de dire quelques mots sur l’altitude (on est maintenant à 3800m.) A ces altitudes on peut ressentir le soroche, ce n’est pas bien agréable, on a mal à la tête, la poitrine opprimée et le souffle court. Mais généralement cela passe au bout de quelques jours. Nous on a pu constater qu’en plus l’age n’arrange pas l’affaire, car 20 ans après le soroche n’est plus le même ! Et il nous a bien fallu une semaine, et redescendre à l’altitude de Cusco pour qu’on se sente mieux.
Mais enfin, en machant quelques feuilles de coca, en respirant le parfum de la munya (sorte de menthe) froissée, en regardant et ressentant tout ce qui nous entoure, on arrive très facilement à oublier le mal de crâne !

On débarque à l’hotel San Carlos, répertorié dans le guide du routard, à la catégorie "prix modérés (de 30 s. à 50 s.)". Eh bien çà sera 50 soles la chambre double. On a constaté que le prix des hotels du guide du routard (ceux dans lesquels on a été) étaient toujours ceux de la fouchette haute. Dans le cas du San Carlos il ne les vaut que parceque le petit-dejeuner est bon, copieux et compris dans le prix de la chambre.
A peine arrivé, un des bons amis de l’hotelier nous propose le tour des iles à un prix spécial pour nous. Quelle chance d’être aussi bien traité !
Il fait nuit maintenant, mais on ressort, parceque le tour des îles, on veut le faire, mais on voudrait bien éviter de passer par une agence. En particulier on veut se rendre sur Amantani, qui nous avait émerveillé il y a si longtemps.
On va au port de Puno, ou plutôt l’embarcadère en une vingtaine de minutes. Les alentours sont construits de boutiques de souvenirs et de petits restos.
Sur une sorte de lagune, de gros pédalos en forme de canards et de pélicans colorés sont rangés pour la nuit.
On ne met pas longtemps à trouver notre transport pour demain. En effet les insulaires d’Amantani et de Takile ont mis en place des coopératives de bateaux qui proposent des "tours" de 2 jours en passant une nuit sur Amantani. Cela nous convient bien, tant du point de vue financier qu’éthique.
Le bateau est proposé à 30 soles et l’hébergemet à 25 (les agences demandent 75 pour le tout), mais surtout cet argent revient en totalité aux gens de l’ile, ceux qui naviguent et ceux qui hébergent. On n’a pas discuté les prix, mais il y a surement moyen de baisser de 10 soles si on est un peu juste.
Le départ est pour demain à 8 heures, mais avant il faut passer la nuit et elle sera épouvantable et blanche à cause à la fois du soroche et de l’activité nocturne (sonnettes, charettes dans la rue, grilles métalliques qui s’ouvrent et se ferment, ...)
 


Accueil du site  |  Contact  |  Espace privé  |  Conception du site  |  SPIP